En toute hypothèse (épisode 99)

en toute hypothÈSE (épisode 99)


Mauvaise nouvelle, mon oncle, qui était presque mon grand frère, venait de tomber en prison, et pour ne pas arranger les choses, il se retrouvait derrière les barreaux mais en Bretagne, à Brest. Ma grand-mère était dans tous ses états, son bébé qui était enfermé alors que ce n’était ni un bandit, ni un gangster, elle ne pouvait pas s’imaginer que ça arriverait un jour, mais c’était bel et bien le cas.
Alors je prenais la décision de prendre mes affaires et d’aller vivre avec elle, ça la réconfortait quelque peu, je remplissais des papiers et envoyais nos permis de visite. Une fois obtenu, direction le pénitencier avec ma grand-mère en copilote, 600 km à discuter du passé et aussi de l’avenir…
Le premier jour, à notre premier parloir, une émotion intense m’envahissait, j’allais voir ma grand-mère serrer dans ses bras son fils, privé de liberté, et ce jour-là des larmes me montaient, c’était difficile de résister à cette scène. Mais quelques instants plus tard, sa bonne humeur et sa joie revenaient, le fait de nous voir lui changeait les idées et son quotidien. Alors quand les gardiens annoncèrent la fin de la visite, le déchirement fut total, partir et laisser un être cher se faire remettre en cellule c’est extrêmement difficile à gérer.
Ma grand-mère, toujours digne, me disait, « On va revenir InshAllah », et c’est ce que nous avions fait, pendant près d’un an, nous allions faire des allers-retours pour ne pas le laisser seul entre ces quatres murs.

Entre temps, L’Oreal m’avait appelé pour une mission, alors j’allais déposer « Mamie » en Bretagne et revenais le lendemain pour aller travailler, et durant cette quinzaine, il m’est arrivé une nouvelle anecdote avec la police, que je raconte dans mon roman mais elle est bien véridique, alors en exclusivité je vous mets l’extrait qui est aussi autobiographique :

Midi, une heure avant d’aller travailler, j’allais sortir du parking qui était perpendiculaire à la route où justement ils s’étaient arrêtés au feu rouge, une fois n’étant pas coutume. Dévisagé, je continuai de maintenir mon regard dans leur direction, pratiquement une minute. Je me disais que peut-être qu’ils me trouvaient beau et qu’ils ne savaient pas comment me le dire… ou pas. La femme en civile me fit un signe de la main qui voulait dire « Ne bouge pas, on arrive ! ».
J’acquiesçais d’un signe de la tête. Une femme et deux hommes se dirigèrent vers moi d’un pas bien décidé.

Contrôle de papier.

Bonjour messieurs dames, de suite, répondis-je avec un sourire ironique que j’affectionnais particulièrement.

Je leur tendais mes papiers, tout y était, carte grise, assurance, permis de conduire.

Le grand blond fit le tour, côté passager, voyant une lettre à destination d’une maison d’arrêt, il me demanda :

– Qui est en prison ?

– Mon oncle, mais il est innocent M. l’agent.

– Oui, tous ceux qui sont en prison sont innocents, c’est bien connu !

– Je vais vous expliquer, en fait il est en mandat de dépôt mais comme la juge ne l’aime pas…

Il m’interrompit :

– Oui, tu la raconteras à d’autres celle-là !

La policière venait de trouver sur les sièges arrières un cintre en fer déplié en long, me le montra de sa main droite et avec la gauche touchait l’endroit où aurait dû se trouver le bitoniau qui indiquait normalement l’ouverture et la fermeture des portes mais qu’il manquait du côté passager.

Et ça, ça sert à quoi ? Me demanda-t-elle en mimant le geste d’un voleur et qui voudrait ouvrir une portière par effraction.

– Ah non madame, ça, ça sert à prendre l’appel de loyer dans la boite à lettre quand on a oublié de vous donner les clefs, parce que nous sommes des gens biens et nous détestons les retards, surtout dans ce domaine.

Mais les provocations allaient de plus bel. Le deuxième homme s’était faufilé à l’arrière de la voiture. Vaguement, je me fis la réflexion qu’il n’avait pas le droit de fouiller ma voiture. Il saisit ma batte dans mon coffre qu’il cachait dans son dos. En venant à mon niveau, il me dit :

– Tu aimes bien le base-ball ?

– Pas plus que ça monsieur l’agent.

– Et ça, ça te sert à quoi (en révélant la batte) ?

– C’est au cas où je me ferai agresser.

– Toujours les mêmes qui se sentent agressés !

Mais je vous jure monsieur l’agent, répondis-je avec mon petit sourire en coin.

Je continuais :

Une fois alors que je conduisais tranquille sur la nationale 3, deux hommes se sont arrêtés…

– Ouais, ouais, ouais, c’est bon, c’est bon, pas besoin de raconter ta vie !

Finalement, ils partirent aussi vite qu’ils étaient venus. Ce que ces flics avaient détesté, c’était qu’ils étaient venus pour me provoquer mais finalement, je les avais tellement saoulés qu’ils étaient repartis bredouilles, avec un goût inachevé.

en toute hypothÈSE (épisode 99)


Mauvaise nouvelle, mon oncle, qui était presque mon grand frère, venait de tomber en prison, et pour ne pas arranger les choses, il se retrouvait derrière les barreaux mais en Bretagne, à Brest. Ma grand-mère était dans tous ses états, son bébé qui était enfermé alors que ce n’était ni un bandit, ni un gangster, elle ne pouvait pas s’imaginer que ça arriverait un jour, mais c’était bel et bien le cas.
Alors je prenais la décision de prendre mes affaires et d’aller vivre avec elle, ça la réconfortait quelque peu, je remplissais des papiers et envoyais nos permis de visite. Une fois obtenu, direction le pénitencier avec ma grand-mère en copilote, 600 km à discuter du passé et aussi de l’avenir…
Le premier jour, à notre premier parloir, une émotion intense m’envahissait, j’allais voir ma grand-mère serrer dans ses bras son fils, privé de liberté, et ce jour-là des larmes me montaient, c’était difficile de résister à cette scène. Mais quelques instants plus tard, sa bonne humeur et sa joie revenaient, le fait de nous voir lui changeait les idées et son quotidien. Alors quand les gardiens annoncèrent la fin de la visite, le déchirement fut total, partir et laisser un être cher se faire remettre en cellule c’est extrêmement difficile à gérer.
Ma grand-mère, toujours digne, me disait, « On va revenir InshAllah », et c’est ce que nous avions fait, pendant près d’un an, nous allions faire des allers-retours pour ne pas le laisser seul entre ces quatres murs.

Entre temps, L’Oreal m’avait appelé pour une mission, alors j’allais déposer « Mamie » en Bretagne et revenais le lendemain pour aller travailler, et durant cette quinzaine, il m’est arrivé une nouvelle anecdote avec la police, que je raconte dans mon roman mais elle est bien véridique, alors en exclusivité je vous mets l’extrait qui est aussi autobiographique :

Midi, une heure avant d’aller travailler, j’allais sortir du parking qui était perpendiculaire à la route où justement ils s’étaient arrêtés au feu rouge, une fois n’étant pas coutume. Dévisagé, je continuai de maintenir mon regard dans leur direction, pratiquement une minute. Je me disais que peut-être qu’ils me trouvaient beau et qu’ils ne savaient pas comment me le dire… ou pas. La femme en civile me fit un signe de la main qui voulait dire « Ne bouge pas, on arrive ! ».
J’acquiesçais d’un signe de la tête. Une femme et deux hommes se dirigèrent vers moi d’un pas bien décidé.

Contrôle de papier.

Bonjour messieurs dames, de suite, répondis-je avec un sourire ironique que j’affectionnais particulièrement.

Je leur tendais mes papiers, tout y était, carte grise, assurance, permis de conduire.

Le grand blond fit le tour, côté passager, voyant une lettre à destination d’une maison d’arrêt, il me demanda :

– Qui est en prison ?

– Mon oncle, mais il est innocent M. l’agent.

– Oui, tous ceux qui sont en prison sont innocents, c’est bien connu !

– Je vais vous expliquer, en fait il est en mandat de dépôt mais comme la juge ne l’aime pas…

Il m’interrompit :

– Oui, tu la raconteras à d’autres celle-là !

La policière venait de trouver sur les sièges arrières un cintre en fer déplié en long, me le montra de sa main droite et avec la gauche touchait l’endroit où aurait dû se trouver le bitoniau qui indiquait normalement l’ouverture et la fermeture des portes mais qu’il manquait du côté passager.

Et ça, ça sert à quoi ? Me demanda-t-elle en mimant le geste d’un voleur et qui voudrait ouvrir une portière par effraction.

– Ah non madame, ça, ça sert à prendre l’appel de loyer dans la boite à lettre quand on a oublié de vous donner les clefs, parce que nous sommes des gens biens et nous détestons les retards, surtout dans ce domaine.

Mais les provocations allaient de plus bel. Le deuxième homme s’était faufilé à l’arrière de la voiture. Vaguement, je me fis la réflexion qu’il n’avait pas le droit de fouiller ma voiture. Il saisit ma batte dans mon coffre qu’il cachait dans son dos. En venant à mon niveau, il me dit :

– Tu aimes bien le base-ball ?

– Pas plus que ça monsieur l’agent.

– Et ça, ça te sert à quoi (en révélant la batte) ?

– C’est au cas où je me ferai agresser.

– Toujours les mêmes qui se sentent agressés !

Mais je vous jure monsieur l’agent, répondis-je avec mon petit sourire en coin.

Je continuais :

Une fois alors que je conduisais tranquille sur la nationale 3, deux hommes se sont arrêtés…

– Ouais, ouais, ouais, c’est bon, c’est bon, pas besoin de raconter ta vie !

Finalement, ils partirent aussi vite qu’ils étaient venus. Ce que ces flics avaient détesté, c’était qu’ils étaient venus pour me provoquer mais finalement, je les avais tellement saoulés qu’ils étaient repartis bredouilles, avec un goût inachevé.