En toute hypothèse (épisode 107)

en toute hypothÈSE (épisode 107)


J’obtenais par l’intermédiaire de mon amie, une invitation pour un évènement exceptionnel : la soirée de la remise du disque de diamant de Diam’s. Le seul hic, c’est que j’avais pu en avoir qu’une seule, et aller en soirée en solo, ce n’est pas vraiment terrible, mais je ne pouvais pas laisser passer un tel moment, alors je me mettais sur mon 31 et j’allais en direction de l’institut du monde arabe.
A l’entrée, on me proposait une coupe de champagne (que je refusais naturellement) et un petit bracelet à l’effigie de l’artiste qui était à l’honneur ce soir-là. Puis j’empruntais l’ascenseur jusqu’à la terrasse et me retrouvais au milieu de tout le gratin parisien, pratiquement une personne sur deux que je croisais était une célébrité, rappeurs, journaliste, animateur TV et radio….
Alors étant seul, je n’étais pas très à l’aise, et donc je tournais, histoire de ne pas rester immobile. J’allais voir le DJ qui préparait la soirée, (c’était DJ Lord Issa que DJ Poska m’avait présenté pas mal d’années auparavant), il me disait bonjour et me disait qu’il avait vu que j’avais sorti « un truc » ! Je lui disais que l’on s’était déjà rencontré mais qu’il devait faire erreur ; confus, il reprenait sa préparation.
J’allais me servir une coupe de jus de pomme, quand je passais à deux pas de Vitaa, elle me souriait plus que nécessaire, alors revenant sur mes pas, j’allais lui dire bonjour, elle était accompagnée d’une copine et sûrement son petit copain :

– Salut, comment ça va ?

– Salut, tu vas bien, heuuuu (cherchant mon prénom) ?

– Excuse-moi mais moi je te connais, mais toi non !

– Ah bon ? Oh mais tu ressembles trop à un gars que je connais.

– Ah non, mais moi j’écoute ton album et je rends fou mes collègues, en chantant très fort.

– Ah mais ça fait trop plaisir, en général les mecs ils n’osent pas dire qu’ils écoutent.

– Tu sais, je t’ai envoyé un message par Myspace il y a quelque temps.

– Ah, mais j’en reçois énormément.

– Je te disais que dans mon émission j’avais fait une spéciale Vitaa mais sans Vitaa, je m’étais tapé la honte.

– Mais ouiiii, j’men souviens très bien, j’avais bien rit, mais je t’avais répondu ?

– Oui, oui.

– C’est toujours d’actualité, vois avec mon manager et je viendrai.

– On se fait une petite photo ?

– Bien sûr, avec plaisir.

Elle demandait à son copain de nous prendre en photo et il n’était pas du tout ravi, ce que je peux comprendre avec le recul, mais sur le moment, je ne trouvais pas ça cool.

Je lui disais, au revoir et à très bientôt pour la radio.
J’étais content et j’envoyais la photo à ma pote Houria de Lyon, elle devenait dingue, et elle m’appelait aussitôt. Je lui décrivais l’endroit, et à ce moment-là, l’ascenseur s’ouvrait, et Jamel Debbouze en sortait, moi, qui en étais un fervent supporter, je lui tendais la main et lui disais bonjour… il me serrait la main mais presqu’à contrecœur, accompagné de ses deux gardes du corps qui faisaient à peu près trois fois mon gabarit. Il se dirigeait vers la terrasse et je l’interpellai à nouveau, il se retournait vers moi en me lâchant un :

– J’ai pas le temps cousin !

J’étais anéanti, moi qui étais allé le voir en spectacle, qui avait ri devant son premier one man show en cassette vidéo à en réveiller mes parents, là, il me traitait de la sorte, alors que je n’avais rien fait de mal…

Je repassais devant le buffet, reprenait un verre, et allais contempler la Seine du haut de cet immeuble… et là, d’un coup, c’est Grand Corps Malade qui se levait, laissait ses amis et venait me rejoindre.

– Salut, comment vas-tu ?

– Bah, ça va à part ce que vient de me faire Jamel !

– C’est-à-dire ?

Je lui expliquais, et lui tentait de me rassurer :

– Tu sais, ça fait dix ans que tout le monde est à ses pieds, ce n’est pas facile à gérer le succès !

– Bah, regarde-toi.

– Oui, mais on n’a pas le même vécu lui et moi.

Et nous parlions de choses et d’autres, et bien sûr, je ne lui disais pas que je rappais, que je préparais un album, que je faisais une émission de radio, encore une occasion durant laquelle j’aurais pu obtenir de supers contacts, mais une fois de plus, je n’avais pas saisi cette opportunité.
Diam’s arrivait et son énorme gâteau avec, elle était heureuse et moi j’étais content pour elle, elle le méritait amplement.
Je ne comptais pas rester seul très longtemps, alors, je repartais avec des sentiments mitigés, Vitaa et Grand Corps Malade avaient été adorables, et Jamel m’avait énormément déçu.
Mais en repensant à la soirée, je me suis dit bien plus tard, que si le DJ m’avait confondu, que Vitaa aussi et que notre slameur national avait pris la peine de se lever et me rejoindre c’est que sûrement Jamel aussi m’avait pris pour cette personne, enfin j’aime à le croire.

en toute hypothÈSE (épisode 107)


J’obtenais par l’intermédiaire de mon amie, une invitation pour un évènement exceptionnel : la soirée de la remise du disque de diamant de Diam’s. Le seul hic, c’est que j’avais pu en avoir qu’une seule, et aller en soirée en solo, ce n’est pas vraiment terrible, mais je ne pouvais pas laisser passer un tel moment, alors je me mettais sur mon 31 et j’allais en direction de l’institut du monde arabe.
A l’entrée, on me proposait une coupe de champagne (que je refusais naturellement) et un petit bracelet à l’effigie de l’artiste qui était à l’honneur ce soir-là. Puis j’empruntais l’ascenseur jusqu’à la terrasse et me retrouvais au milieu de tout le gratin parisien, pratiquement une personne sur deux que je croisais était une célébrité, rappeurs, journaliste, animateur TV et radio….
Alors étant seul, je n’étais pas très à l’aise, et donc je tournais, histoire de ne pas rester immobile. J’allais voir le DJ qui préparait la soirée, (c’était DJ Lord Issa que DJ Poska m’avait présenté pas mal d’années auparavant), il me disait bonjour et me disait qu’il avait vu que j’avais sorti « un truc » ! Je lui disais que l’on s’était déjà rencontré mais qu’il devait faire erreur ; confus, il reprenait sa préparation.
J’allais me servir une coupe de jus de pomme, quand je passais à deux pas de Vitaa, elle me souriait plus que nécessaire, alors revenant sur mes pas, j’allais lui dire bonjour, elle était accompagnée d’une copine et sûrement son petit copain :

– Salut, comment ça va ?

– Salut, tu vas bien, heuuuu (cherchant mon prénom) ?

– Excuse-moi mais moi je te connais, mais toi non !

– Ah bon ? Oh mais tu ressembles trop à un gars que je connais.

– Ah non, mais moi j’écoute ton album et je rends fou mes collègues, en chantant très fort.

– Ah mais ça fait trop plaisir, en général les mecs ils n’osent pas dire qu’ils écoutent.

– Tu sais, je t’ai envoyé un message par Myspace il y a quelque temps.

– Ah, mais j’en reçois énormément.

– Je te disais que dans mon émission j’avais fait une spéciale Vitaa mais sans Vitaa, je m’étais tapé la honte.

– Mais ouiiii, j’men souviens très bien, j’avais bien rit, mais je t’avais répondu ?

– Oui, oui.

– C’est toujours d’actualité, vois avec mon manager et je viendrai.

– On se fait une petite photo ?

– Bien sûr, avec plaisir.

Elle demandait à son copain de nous prendre en photo et il n’était pas du tout ravi, ce que je peux comprendre avec le recul, mais sur le moment, je ne trouvais pas ça cool.

Je lui disais, au revoir et à très bientôt pour la radio.
J’étais content et j’envoyais la photo à ma pote Houria de Lyon, elle devenait dingue, et elle m’appelait aussitôt. Je lui décrivais l’endroit, et à ce moment-là, l’ascenseur s’ouvrait, et Jamel Debbouze en sortait, moi, qui en étais un fervent supporter, je lui tendais la main et lui disais bonjour… il me serrait la main mais presqu’à contrecœur, accompagné de ses deux gardes du corps qui faisaient à peu près trois fois mon gabarit. Il se dirigeait vers la terrasse et je l’interpellai à nouveau, il se retournait vers moi en me lâchant un :

– J’ai pas le temps cousin !

J’étais anéanti, moi qui étais allé le voir en spectacle, qui avait ri devant son premier one man show en cassette vidéo à en réveiller mes parents, là, il me traitait de la sorte, alors que je n’avais rien fait de mal…

Je repassais devant le buffet, reprenait un verre, et allais contempler la Seine du haut de cet immeuble… et là, d’un coup, c’est Grand Corps Malade qui se levait, laissait ses amis et venait me rejoindre.

– Salut, comment vas-tu ?

– Bah, ça va à part ce que vient de me faire Jamel !

– C’est-à-dire ?

Je lui expliquais, et lui tentait de me rassurer :

– Tu sais, ça fait dix ans que tout le monde est à ses pieds, ce n’est pas facile à gérer le succès !

– Bah, regarde-toi.

– Oui, mais on n’a pas le même vécu lui et moi.

Et nous parlions de choses et d’autres, et bien sûr, je ne lui disais pas que je rappais, que je préparais un album, que je faisais une émission de radio, encore une occasion durant laquelle j’aurais pu obtenir de supers contacts, mais une fois de plus, je n’avais pas saisi cette opportunité.
Diam’s arrivait et son énorme gâteau avec, elle était heureuse et moi j’étais content pour elle, elle le méritait amplement.
Je ne comptais pas rester seul très longtemps, alors, je repartais avec des sentiments mitigés, Vitaa et Grand Corps Malade avaient été adorables, et Jamel m’avait énormément déçu.
Mais en repensant à la soirée, je me suis dit bien plus tard, que si le DJ m’avait confondu, que Vitaa aussi et que notre slameur national avait pris la peine de se lever et me rejoindre c’est que sûrement Jamel aussi m’avait pris pour cette personne, enfin j’aime à le croire.